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Interview de Lionel Lada et Lolo Tshiala

Acteurs clés des initiatives pour la jeunesse

Nous avons le plaisir d’interviewer aujourd’hui Lionel Lada, dirigeant d’Activités Éducatives, et Lolo Tshiala, directeur opérationnel d’ERA-93. Ils vont nous parler de leur parcours, des missions de leurs organisations respectives, ainsi que des défis et réussites rencontrés dans le domaine de l’éducation et de l’animation socio-culturelle. Ils partageront leur expérience et leurs perspectives sur l’impact de leur travail sur les jeunes et les communautés locales.

1. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? Comment en êtes-vous arrivés à travailler dans le secteur de la jeunesse, l’éducation populaire ?

Lolo TSHIALA : J’ai un parcours assez atypique, comme beaucoup de jeunes des années 1990. Initialement, j’ai été orienté scolairement vers des secteurs choisis par défaut. J’ai travaillé pendant cinq ans en tant qu’ouvrier dans une usine. Malgré cela, j’ai toujours été attiré par le secteur éducatif. Par un concours de circonstances, j’ai obtenu un poste de remplacement en tant qu’éducateur de rue à Neuilly-sur-Marne, où j’ai travaillé pendant dix ans en prévention spécialisée. Depuis 2009, je me suis orienté vers l’éducation populaire. J’ai passé les diplômes nécessaires, notamment le BPJEPS et le DEJEPS. Ces expériences m’ont permis de m’épanouir et de contribuer activement à l’épanouissement des jeunes.

Lionel LADA : Je n’étais pas destiné à travailler dans l’animation. J’ai connu l’échec scolaire et je n’ai pas obtenu de bac, ni poursuivi d’études universitaires. J’ai travaillé dans la manutention et d’autres métiers sans diplômes. Parallèlement, je faisais de la musique et fréquentais des structures jeunesse qui m’ont transmis des valeurs et des compétences essentielles pour me structurer. En découvrant le monde de l’animation, j’ai ressenti le désir de transmettre ce que j’avais reçu. Ma première expérience a été celle d’intervenant en écriture, c’est ainsi que j’ai découvert une passion pour la transmission et décidé de m’engager dans ce secteur.

2. Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer vos organisations respectives ?

Lolo TSHIALA : J’ai vécu plusieurs expériences professionnelles qui m’ont montré que je pouvais créer des projets par moi-même, selon mes propres valeurs et orientations. Ces expériences m’ont inspiré à développer des initiatives sans être contraint par des enjeux ou des considérations politiques. Elles m’ont donné la confiance nécessaire pour lancer des organisations alignées avec mes convictions et ma vision de l’éducation populaire.

Lionel LADA : J’ai constaté qu’il existait une disparité territoriale inacceptable. Il n’est pas normal que des jeunes, déjà confrontés à des inégalités territoriales, soient en plus privés d’initiatives équitables. J’avais envie de développer ce projet à l’échelle nationale, dans un esprit de start-up. À la fin des années 2010, il y avait une véritable ambiance start-up dans le pays, et je voulais en faire partie en créant une start-up de l’économie sociale et solidaire (ESS), visant à avoir un impact social et environnemental positif sur la société.

3. Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer sur les publics en quartier prioritaire dans vos projets respectifs ?

Lolo TSHIALA : Nous avons choisi de nous concentrer sur les publics des quartiers prioritaires parce que nous y avons grandi et nous connaissons bien leurs richesses, leurs particularités et leurs difficultés. En étant issus de ces quartiers, nous comprenons les défis auxquels les habitants sont confrontés. Nous sommes convaincus qu’en apportant du professionnalisme et des ressources adéquates, nous pouvons révéler et valoriser les richesses de ces quartiers tout en abordant efficacement les problématiques qui y existent.

Lionel LADA : Nous avons choisi de nous concentrer sur les publics en quartiers prioritaires parce que nous venons de ces environnements et ressentons le besoin de rendre ce qui nous a été donné. L’éducation populaire repose sur l’idée du peuple par le peuple. Si nous ne prenons pas soin de nos communautés, qui le fera ? Nous voulons contribuer au développement de nos quartiers.

4. Quels défis avez-vous rencontrés lors de la création de vos structures et comment les avez-vous surmontés ?

Lolo TSHIALA : Les défis que nous avons rencontrés lors de la création de nos structures ont été nombreux. La pérennisation des projets et la professionnalisation des structures ont été parmi les plus importants. Il était crucial d’assurer des salariés compétents, ce qui impliquait de gérer notre organisation comme une véritable entreprise, avec toutes les complexités que cela comporte. Nous avons surmonté ces défis grâce à notre résilience, notre motivation et notre détermination à agir.

Lionel LADA : Le premier défi a été de recruter des intervenants de qualité qui comprenaient et partageaient notre projet, nos valeurs et notre vision. Nous avions besoin de personnes capables de transmettre ces valeurs aux jeunes. Le second et dernier défi, a été de nous faire identifier par les acteurs éducatifs de terrain, comme les maisons de quartier, les centres sociaux et autres structures. Nous devions leur présenter des propositions de qualité adaptées à leurs besoins. Nous avons réussi à surmonter ces défis en restant fidèles à nos principes et en offrant des services qui répondent aux attentes et aux exigences de ces structures.

5. Pouvez-vous nous expliquer comment vos organisations ont commencé à collaborer ?

Lolo TSHIALA : Nous nous sommes rencontrés en 2015 à l’île de loisirs des Yvelines, où nous encadrons une activité de tchoukball. Activités Éducatives était venu avec un groupe de jeunes. En observant la particularité et la qualité éducative de notre encadrement, nous avons immédiatement vu le potentiel d’une collaboration. Depuis cette rencontre, nous travaillons ensemble afin d’innover nos outils et questionner nos approches pédagogiques, toujours dans l’intérêt des publics que nous servons.

Lionel LADA : Nous avons commencé à collaborer en recherchant des intervenants et des structures proposant des initiatives innovantes. C’est ainsi que nous avons rencontré nos partenaires actuels et décidé de travailler ensemble. Initialement, ce n’était pas dans l’ADN de ERA-93 d’intervenir partout en Île-de-France, mais notre collaboration a immédiatement porté ses fruits.

6. Quels sont les objectifs principaux de votre collaboration ?

Lolo TSHIALA : Les objectifs principaux de notre collaboration sont de fusionner nos savoir-faire, de nous soutenir mutuellement dans les projets que nous portons, de créer de nouveaux outils éducatifs et d’étendre notre expertise. En travaillant ensemble, nous pouvons combiner nos forces et nos compétences pour offrir des solutions éducatives innovantes et de meilleure qualité aux publics que nous servons. 

Lionel LADA : Nous collaborons ensemble parce que nous sommes complémentaires. BL Education dispose d’un vaste réseau et travaille avec de nombreuses structures en Île-de-France, tandis que nos partenaires apportent des qualités exceptionnelles en matière de projets et d’ateliers. Ils maîtrisent leurs contenus depuis longtemps, ce qui renforce la qualité et l’impact de nos initiatives conjointes.

7. Comment vos organisations s’entraident-elles lors des événements et des projets éducatifs ?

Lolo TSHIALA : Nos organisations s’entraident de diverses manières concrètes. Cela peut inclure le prêt de matériel, le regroupement de compétences pour renforcer nos équipes, et l’animation conjointe de projets pédagogiques.

Lionel LADA : Nous collaborons étroitement à la préparation de ces événements, notamment en recherchant des financements et en co-finançant les projets ensemble. Nous nous concertons régulièrement pour trouver les meilleures solutions de financement et assurer le succès de nos initiatives.

8. Pouvez-vous donner des exemples de projets ou d’ateliers que vous avez réalisés ensemble ?

Lolo TSHIALA : Nous avons réalisé des projets comme des ateliers de sensibilisation à la pratique sportive adaptée, des activités pour animer les quartiers pendant les vacances et lutter contre la sédentarité des jeunes et l’usage excessif des écrans, ainsi que des séjours éducatifs pour offrir des expériences enrichissantes aux jeunes et aux enfants. Ces initiatives illustrent notre collaboration pour créer des opportunités éducatives.

Lionel LADA : Nous avons permis à des enfants de découvrir des sports innovants et coopératifs qui leur étaient inconnus. Ensemble, nous avons travaillé à développer le capital culturel et sportif des jeunes à travers des projets innovants. Nos initiatives mettent l’accent sur l’éducation par le sport, offrant ainsi aux jeunes de nouvelles opportunités d’apprentissage et de développement.

9. Pouvez-vous parler d’un événement spécifique où vos deux organisations se sont particulièrement soutenues ?

Lolo TSHIALA : La période de la pandémie de Covid-19 a été particulièrement difficile. Nous avons dû nous soutenir mutuellement, tant moralement que dans la planification, pour maintenir nos activités après la crise. Cette solidarité a été essentielle pour continuer à servir nos publics et adapter nos projets aux nouvelles contraintes.

Lionel LADA : Un exemple marquant de soutien entre nos deux organisations est lorsque ERA nous a aidés financièrement lors de périodes de difficultés de trésorerie. Ils ont également apporté leur soutien en termes de personnel lorsque nous en avions besoin. Leur aide a été cruciale pour nous

10. Quelle importance accordez-vous à l’inclusivité et à la diversité dans vos programmes respectifs ?

Lolo TSHIALA : Nous accordons une grande importance à l’inclusivité et à la diversité dans nos programmes. Nous concevons des outils adaptés à tous les publics, favorisant la solidarité et la coopération dans nos pratiques pour encourager l’inclusion. La diversité permet à chaque jeune participant de trouver une activité qui lui convient, assurant ainsi que chacun se sente accueilli et valorisé

Lionel Lada :  Chez Activités Éducatives, nous accordons une grande importance à l’inclusivité et à la diversité. Nous offrons une variété d’ateliers destinés aux acteurs éducatifs pour les aider dans leur mission d’accompagnement des jeunes. Nos outils, constamment affinés, couvrent un large éventail de domaines : sportifs, manuels, multimédias, expressions, musicaux, préventions et dessins. Nous touchons ainsi toutes les grandes catégories d’activités proposées aux enfants et aux jeunes. En outre, nous renforçons le soutien aux acteurs éducatifs en matière de financement et de mise en place de séjours et d’événements festifs, assurant ainsi une approche inclusive et diversifiée.

11. Quelles sont les valeurs fondamentales que vous souhaitez transmettre aux jeunes à travers vos projets ?

Lolo TSHIALA : Les valeurs fondamentales que nous souhaitons transmettre aux jeunes à travers nos projets sont l’engagement, le respect, le courage d’entreprendre tout ce qu’ils souhaitent, et l’abnégation, c’est-à-dire croire en leurs capacités et ne jamais abandonner. Nous voulons inspirer les jeunes à persévérer et à s’investir pleinement dans leurs aspirations.

Lionel Lada : Nous souhaitons transmettre aux jeunes les valeurs fondamentales d‘Activités Éducatives, qui incluent le fait de devenir acteurs de leurs loisirs et de leurs vies. Nous encourageons la bienveillance envers les autres, en particulier envers les plus fragiles, ainsi que les valeurs de partage et de solidarité. De plus, nous valorisons le dépassement de soi et l’engagement, à l’image de ce que prône LOLO.

12. Pouvez-vous nous parler de votre consortium et des projets futurs que vous envisagez ensemble ?

Lolo TSHIALA : Notre consortium réunit nos compétences et mutualise nos savoir-faire afin de promouvoir l’éducation populaire. Pour nos projets futurs, nous envisageons de former et certifier tous les acteurs impliqués, afin de valoriser leurs connaissances et compétences. Nous sommes déterminés à créer un cadre où chacun peut se former, se développer et contribuer de manière significative à nos initiatives éducatives. 

Lionel Lada : Notre consortium a pour objectif de permettre aux jeunes de participer à des séjours sportifs et éducatifs de qualité, en s’appuyant sur l’expertise des deux entités. ERA-93 apporte son expertise en termes d’accompagnement et de lien social avec les jeunes, tandis que Activités Éducatives apporte ses compétences et sa spécialisation. Ensemble, nous souhaitons offrir des expériences enrichissantes et formatrices, renforçant ainsi notre mission éducative.

13. Quels conseils donneriez-vous à d’autres entrepreneurs ou associations qui souhaitent se lancer dans le secteur de la jeunesse et de l’éducation populaire?

Lolo TSHIALA : Il est important de comprendre que le terme “populaire” peut parfois être perçu de manière péjorative, alors qu’en réalité, il représente des valeurs riches et essentielles. Pour se lancer dans ce secteur, il est crucial de mesurer pleinement la portée et la responsabilité de votre engagement. Soyez exemplaires dans vos actions et démontrez les valeurs que vous souhaitez promouvoir. L’engagement, le respect, et le dévouement sont indispensables pour réussir dans l’éducation populaire.

Lionel Lada : Mon conseil est de ne jamais abandonner vos objectifs, même pendant les périodes difficiles. Il est essentiel de rester déterminé et résilient face aux défis. De plus, n’ayez pas peur de solliciter les institutions publiques et de faire appel à leurs services. Elles sont souvent disposées à aider et leur soutien peut être précieux pour le succès de vos projets. 

14. Comment voyez-vous l’évolution de votre collaboration dans les prochaines années ?

Lolo TSHIALA : Nous envisageons que nos structures se solidifient tant sur le plan social qu’économique. Nous espérons créer un consortium qui réunit les acteurs de l’éducation populaire, afin de renforcer notre impact collectif et de promouvoir nos valeurs communes.

Lionel Lada : Nous souhaitons solidifier nos relations en travaillant sur des projets d’envergure. Il est crucial de rester innovants dans nos initiatives pour les quartiers prioritaires et de nous soutenir mutuellement, surtout lors des périodes difficiles. Ensemble, nous pourrons continuer à proposer des solutions pertinentes et efficaces pour les communautés que nous servons.

15. Quelles sont les prochaines étapes pour vos organisations respectives et comment allez-vous continuer à soutenir les jeunes à travers vos initiatives ? 

Lolo TSHIALA : Nos prochaines étapes se concentreront sur les enjeux de l’insertion professionnelle des jeunes, ce qui est crucial car notre territoire va accueillir les Jeux Olympiques. Nous souhaitons aider les jeunes à acquérir des compétences supplémentaires et à monter en compétences pour saisir les opportunités liées à cet événement.

Lionel Lada : Nous prévoyons de créer un organisme de formation pour soutenir les acteurs éducatifs dans leurs initiatives. Cela nous permettra d’élargir notre offre, notamment en incluant des propositions pour les publics seniors. Ainsi, nous pourrons continuer à renforcer nos actions et à soutenir une plus grande diversité de personnes à travers nos programmes.

Cette interview a mis en lumière l’importance de la collaboration entre Lionel Lada, directeur d’Activités Éducatives, et Lolo Tshiala, directeur d’ERA-93, ainsi que l’impact significatif de leurs initiatives sur les jeunes. Leur engagement et leur vision partagée promettent un avenir prometteur pour les programmes éducatifs et d’animation socio-culturelle.

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